Des fées kitsch mais stimulantes

Publié le par Antonin

 

Vingt ans et déjà tant de talent. C’est la première réflexion, un peu naïve, qu’on ne peut s’empêcher de se faire en assistant à la création scénique des Fées de Wagner au théâtre du Châtelet. Tout n’est pas parfait dans cette partition, mais on ne peut qu’être stupéfait de la qualité de cette œuvre rare, qui mériterait d’être montée plus souvent. Marc Minkowski a mille fois raison de venir saluer la salle la partition à la main.

 

Vingt ans et encore tellement romantique. Le programme du théâtre annonce des réminiscences de Weber et de Meyerbeer, mais ce serait sûrement un passionnant problème de spécialiste que de rechercher dans cette partition quasi-inédite des réminiscences de Beethoven voire de Mozart.

 

Vingt ans et déjà tant en gestation. Le livret recèle déjà les thèmes qui feront le succès et l’originalité du Wagner de la maturité : le mot interdit, l’épée salvatrice, l’épreuve rédemptrice… L’orchestration wagnérienne n’est pas encore complètement en place, mais par moments, on voit poindre le compositeur de Lohengrin et du Crépuscule des dieux dans l’alchimie extraordinaire qui se dégage des rapports entre les voix et l’orchestre.

 

Vingt ans et déjà si bavard. Si le spectacle impressionne au début, il finit aussi par ennuyer. Plus de trois heures de spectacles. Il faut sans doute tout le talent du Wagner de la maturité pour maintenir l’attention des spectateurs pendant une telle durée. Mais là, c’est trop long.

 

La mise en scène proposée par le théâtre du Châtelet charme au début, notamment avec un tableau d’ouverture mystérieux ou les robes des fées recouvrent la scène, avant que s’en échappe le monde des hommes. Mais elle sombre rapidement dans un kitsch chargé, où roses et paillettes s’imposent jusqu’à la nausée. L’immonde rose qui sert de trône à la reine des fées ou l’affreuse tête géante qui occupe le fond de la scène au deuxième acte n’étaient sans doute pas nécessaire.

 

Côté chanteurs, le ténor William Joyner charme au début par la vaillance de sa voix, mais il peine à tenir la distance. La soprano Christiane Libor n’a sans doute pas la carrure d’une héroïne wagnérienne, mais elle n’est pas sans qualités dramatiques. On trouve plus de satisfaction du côté des seconds rôles, menés par un Stéphane Degout excellent comme à son habitude.

 

Bref, un spectacle stimulant, et juste assez insatisfaisant pour nous faire espérer un retour rapide de cette partition sur scène.

 


Die Feen
de Wagner au Théâtre du Châtelet, jusqu’au 9 avril.

Publié dans Théâtre du Chatelet

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