Béjart revient au Palais Garnier

Publié le par Antonin

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Si le ballet et l’opéra sont souvent joués dans les mêmes salles, leur association artistique ne va pas de soi. C’est donc le hasard d’un abonnement qui m’a amené, après plusieurs années de fréquentation des salles d’opéra, à assister pour la première fois à une représentation de danse. Ce n’est donc pas cette fois à une critique que je vais me livrer, mais à l’impression d’un néophyte complet face à cette art à part qu’est le ballet.

 

L’œuvre en question, une chorégraphie de Maurice Béjart, sur quatre pièces courtes de Bartok, Webern et Boulez, n’est peut-être pas complètement représentative de ce qui se joue ordinairement dans les ballets, mais il ne s’agit certes pas d’une pièce mineure. Ma première réaction consistera d’ailleurs à me féliciter de la présence d’une chorégraphie pour habiller, enrichir, voire scénariser la musique décidément très aride d’un Pierre Boulez.

 

ballet-Bejart-2.JPGLe premier tableau, par exemple, accompagné par la Sonate à Trois de Bela Bartok, offre un tableau visuel à la fois esthétiquement gracieux et intellectuellement convaincant pour accompagner une musique dont le titre lui-même suggère qu’elle nous raconte une histoire. Le dialogue de l’ombre double de Boulez écrit pour clarinette, clarinette enregistrée et piano résonnant est également intéressant, en ce qu’il mêle dans le même espace les danseurs et le clarinettiste, comme pour souligner davantage le lien que le ballet permet de faire entre la musique et la corporalité.

 

Je ne m’étends pas, je sors de mes compétences. L’impression paradoxale qui en ressort pour le néophyte que je suis est qu’on est confronté là à un art autrement plus aride que l’opéra, alors même que c’est à ce dernier qu’on en fait le plus souvent le reproche. Là où le livret permet aux moins connaisseurs de suivre et de s’intéresser à un opéra, là où la présence d’une « histoire » bien définies, de chœurs, d’une activité sur scène en font un art beaucoup plu s accessible qu’il n’y paraît, le ballet offre au contraire peu de prises à qui n’est pas à même d’évaluer la difficulté technique de tel mouvement, la prouesse de tel porté.


Le déplacement en pointes, par exemple, qui reste même chez Béjart un geste de base, apparaît ainsi comme une convention étonnante, que je n’hésite pas à qualifier de disgracieuse, et dont je ne comprends pas la valeur esthétique. Alors certes, quelques tableaux marquants, quelques mouvements auquel la souplesse et l’élévation confèrent une grâce légère, ne peuvent manquer de faire forte impression. Mais apprécier à sa juste valeur le travail de Béjart sur Boulez n’est pas à la portée du premier venu. Pas à la mienne en tout cas.



Béjart Ballet Lausanne au Palais Garnier jusqu'au 9 janvier 2010

Publié dans Opéra de Paris

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A
<br /> C'est très intéressant de voir votre regard sur ce qui peut paraître à d'autres ennuyeux car tellement "déjà vu", tellement habituel que c'en devient parfois insupportable. C'est l'effet que me<br /> fait Béjart aujourd'hui. Si c'est là votre premier ballet, le hasard a mal fait les choses... C'est vrai que la danse est spéciale en ce qu'elle n'use pas de sens, en ce que les pas n'ont pas de<br /> signification immédiate - ce ne sont pas des mots - et que sa technique est une technique "à vide".<br /> J'y suis tant habituée que je suis frappée de lire que vous ne voyez pas la valeur esthétique des pointes ! Je comprends, masi je ne suis plus capable de me poser cette question tant pour moi cette<br /> valeur est évidente - et c'est alors que je vois que c'set un code, là encore, sans signification, si ce n'est celle essentielle, dans la danse, de l'élévation.<br /> <br /> <br />
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